Mais qui est le Skye ?
Le Skye terrier est certainement l’une des plus anciennes races canines des côtes ouest de l’Ecosse. A l’origine, la région n’était peuplée que par les autochtones de l’île et fut ensuite envahie par les Vikings ; les deux peuples domestiquèrent les chiens vivant à l’état sauvage sur l’île. Pendant des siècles, les hommes se servirent de chiens pour protéger leurs maisons ou leurs fermes contre la vermine telle que les rats, renards, blaireaux, etc. Le Skye dans l’histoire : Au milieu du XVème siècle, les écrivains anglais commencèrent à utiliser, dans leurs ouvrages, le mot « terrier » pour décrire tous les chiens qui chassaient la vermine. Au XVIème siècle, John Caius, le médecin officiel d’Edouard VI d’Angleterre, de la reine Marie Ire d’Ecosse ainsi que de la reine Elizabeth Ire d’Angleterre, s'est retiré de ses fonctions de médecin à la cour et est devenu « Master de Gon ville », professeur de collège au sein de l'université de Cambridge, en 1559. Il s’est passionné pour les différentes variétés de chiens présentes en Angleterre et il les a catalogués dans un livre intitulé « Of English Dogges », édité en 1570. Puisque l'Ecosse était un pays indépendant, le traité de Caius n'inclut pas les chiens écossais, excepté une référence à un chien écossais au long manteau. « Le coté utilitaire et le physique atypique de terrier à la longue toison le classa dans la catégorie des chiens exotiques. Ces chiens qui vivaient sur l’Île avaient un physique particulier avec leur long manteau rugueux, look extraordinaire accentué par la longueur de leur corps et des longues franges de la face qui ne laissaient rien apparaître de la gueule en elle même. Ces chiens suscitaient tant d’intérêt de la part des autochtones qu’ils étaient les seuls à être autorisés dans la chambre de leur maître. La vision des hommes vis-à-vis de leur chien était en train de changer, ils éprouvaient maintenant du plaisir à s’entourer de leur chien dans la vie quotidienne et ne voyait plus en lui, seulement un animal d’utilité. Les choses avaient particulièrement vite évolué en ce qui concerne le rapport de l’homme au chien. Ils en avaient même oublié les défauts que peuvent avoir les chiens en général ; ceci était vrai autant dans les classes nobles de la société que chez les artisans. Mais que justifiait cet engouement subit ? Était-ce dû au fait que les ouvriers les premiers avaient remarqué que ces chiens étaient si habiles, si intelligents, qu’ils en devenaient presque parfaits ? ». Le premier chien à être exporté des contrées du nord fut Beggerly qui fut regardé avec autant de fascination et d’émerveillement que ceux qu’a suscités en nous le premier homme sur la lune !!! Le Skye terrier est différencié dans le traité de Caius des autres races de terriers à cause de ses longs poils : le passage où il fait allusion "à la longueur de leurs poils qui cachent entièrement leur corps et leur face" est la première allusion à notre Skye terrier. Cependant, Caius a également décrit les poils de notre chien comme étant "ondulés", un adjectif qui ne correspond plus du tout à la race d’aujourd'hui. Une ancienne légende situe l'origine du Skye terrier à une certaine nuit de 1588, pendant laquelle s’échoua une caravelle espagnole de « L’Invincible Armada ». Smith fait allusion à ce récit dans son « Natural History of Dogs » en 1939 et Beeton, plus connu sous le nom de Stonenge, reprend cette histoire dans son ouvrage « Quillick le Skye » (the dog in heath and disease (1859) : « Dans une période de grande tempête, un jour de 1588, une caravelle de « L’Invincible Armada » vint s’écraser sur les rochers du Minch Canal. On raconte que, parmi les survivants de ce naufrage, se trouvaient les chiens des matelots espagnols, des sortes de longs chiens aux poils abondants, de type épagneul ou de type maltais. Ces longs chiens se seraient alors mariés avec les terriers locaux et auraient produit les ancêtres de notre Skye terrier actuel ». En réalité, nous n’avons aucun moyen scientifique de savoir si les marins espagnols avaient effectivement des chiens à bord, mais en revanche des os de chiens ont bien été découverts à bord de la Mary Rose, un vaisseau de guerre Anglais qui s’est échoué en 1545. Une autre légende du XVIème siècle apporte une autre version quant aux débuts de la race des Skyes terriers, qui parait plus probable que la légende du galion espagnol et qui mérite, de ce fait, notre attention. En 1568, la reine catholique des Ecossais, Marie Ire Stuart, fut forcée d'abdiquer son trône au profit de son fils. Marie se sauva en l'Angleterre chez sa cousine, la reine Elisabeth Ire, qui la fit emprisonner. Pendant son incarcération, Marie aurait acquis un Skye terrier. En 1586, Marie ayant été reconnue coupable d’avoir conspiré contre la reine Elizabeth, cette dernière signa immédiatement l’arrêt de mort de la reine Marie. Marie Ire Stuart, reine des Ecossais, fut décapitée le 8 février 1587, au château de Fortheringay. Quand les gardes voulurent enlever son corps, ils découvrirent le Skye terrier se cachant dans ses jupes. Maculé par le sang de la reine, le Skye refusa de bouger et commença à hurler. Les ministres d'Elizabeth Ire se sont débarrassés des restes de feue la reine Marie car ils craignirent que, du fait de sa forte foi catholique, ses effets personnels puissent prendre un caractère sacré ; aussi ordonnèrent-ils que chacun de ses vêtements soit brûlé et que la place où avait eu lieu l’exécution soit soigneusement nettoyée et frottée… Plusieurs des gardes réussirent finalement à capturer le Skye et le lavèrent, mais le petit chien, inconsolable, refusa de manger quoique ce soit. On rapporte que la reine Elizabeth était très contrariée par l’obstination et le dévouement pour sa maîtresse de ce chien et ordonna qu’on le fasse manger de gré ou de force. Mais le Skye ne se laissa pas impressionner pour autant et campa sur sa position. La légende dit que le petit chien continua à pleurer sa maîtresse et finit par en mourir. Au XVIIème siècle, l’île est toujours isolée et épargnée par les aléas de l’histoire : Walter Scott la décrivit dans son Rob Roy comme « un monde sauvage rempli de rochers, de cavernes, de bois, de rivières, de montagnes si élevées que les ailes du diable lui-même se seraient fatiguées s’il voulait voler jusqu’en haut ». Quelques filiations commencent à être mentionnées dans les documents officiels. Vers 1740, Georg Maim mentionne dans le récit de son voyage sur l’île de Skye que la chasse aux renards s’y pratiquait et précise qu’elle se déroulait de la façon suivante : au départ on envoyait deux ou trois couples de fox terriers puis, et seulement après, on lâchait les « longs terriers », entendez par là les Skye terriers, pour finir le travail et faire sortir la bête de son terrier. Quand la partie s’annonçait trop longue, les cavaliers portaient les Skyes sur leurs chevaux pour leur éviter une fatigue inutile et les posaient par terre, pour leur ultime tâche… Jusqu’à fin XVIIIème siècle, on ne trouve pas d’avantage de précisions sur la race du Skye terrier, qui pourraient nous permettre de connaître avec certitude le passé de notre chien. Dans les écrits de l’époque évoquant le Skye terrier, la plupart des auteurs parlaient volontiers de Terriers écossais ou chiens vivants en Ecosse mais n’emploient pas encore le nom de Skye terrier. Il semble que ce ne soit qu’au XIXème siècle que les Skyes terriers commencent à s’expatrier, lorsque le Lord de l’île fait cadeau d’un couple de ces fabuleux chiens au duc d’Argyll. Celui-ci décide alors d’en pratiquer l’élevage et d’en faire profiter un très grand nombre de personne de son entourage… Le grand essor ? Utopie… La première référence précise mentionnant le Skye terrier fut faite dans l’œuvre de H.D. Richardson en 1847. "Le Skye terrier, ainsi nommé fut décrit comme l’être le plus parfait découvert dans les îles occidentales de l'Ecosse et sur l'île de Skye en particulier.". Cependant jusqu’en 1861, les Skyes ont continué à être présentés dans les expositions canines sous l’appellation de "terriers écossais", jusqu’à l’exposition de Manchester où une classe à part est créée pour les Skyes terriers. La popularité des terriers de Skye a pris tout son essor au début du XIXème siècle. En 1844, le nom qui marque de manière incontestable l’histoire de ce chien, est celui de Mrs Pratt. Celle-ci avait coutume de promener quotidiennement son couple de Skyes dans Hyde Park, quand un jour ses chiens se mettent à poursuivre un blaireau qu’ils levèrent au terrier. Cette chasse, qualifiée de sportive par un tout Londres béat d’admiration, qui n’était certainement pas habitué à pareil spectacle en plein centre ville, est rapportée à la Reine Victoria… La souveraine tient absolument à rencontrer ces fameux chiens, dont elle tombe amoureuse, à tel point que Mrs Pratt ne peut que lui faire cadeau de son mâle prénommé Islay. Les peintures réalisées pour la famille royale par Monsieur Edwin Landseer et la sculpture de la reine réalisée par William Nicholson ont repris l’image du Skye terrier. Le Skye terrier est devenu l'animal de compagnie par excellence de la noblesse. Au cours des années 1890, les duchesses auraient presque eu honte si elles n’avaient pas été accompagnées lors de leurs promenades au parc de leur long terrier, signe extérieur de richesse et de popularité. Cet état de fait a contribué largement à l’évolution de la race dans l’esprit des gens. Le petit Skye chasseur de vermine était devenu un beau, grand et élégant chien doté d’une longue toison qui nécessitait certains égards et beaucoup de soins. Des recherches ont indiqué que certains épagneuls pourraient avoir été croisés avec des Skyes pour améliorer la qualité de leur manteau. Curieusement, les changements de l’apparence physique du Skye terrier visant à le rendre plus sophistiqué et à lui conférer un « look » plus précieux ont certainement contribué à diminuer l’engouement du public pour la race. Vers la fin du XIXème siècle, la plupart des Skye étaient tellement grands et larges d’épaules qu’il leur était impossible de chasser au terrier et les soins qu’exigeait leur robe les rendirent impropres à son utilisation première : la chasse. Peu à peu, les fermiers ont remplacé leurs Skyes par d’autres races de terriers plus rustiques et plus fonctionnelles. Les personnes de la haute société ont abandonné la race et sont passés à un autre chien de prédilection délaissant le pauvre Skye, qui n’était plus à leurs yeux le chien en vogue, bien longtemps même avant la mort de la Reine Victoria en 1901. Au XXème siècle, les terriers de Skye n'ont jamais plus eu la même notoriété aux yeux du public que leurs ancêtres, mais qu’importe après tout, il est bien connu que le phénomène de mode que suscite une race est rarement bénéfique pour cette dernière. Les vrais amoureux de Skyes terriers ont assisté avec soulagement au déclin de la popularité de leur race. Ces passionnés n'étaient plus seulement Anglais ou Ecossais, non, le Skye terrier était devenu international. Au XXème siècle, comme dans le siècle passé, les terriers de l’île de Skye ont continué à être présentés lors des expositions canines en Grande-Bretagne. Chaque année, c’est à peu près 200 bébés Skyes qui voient le jour. Trente huit Skyes étaient inscrits à l'exposition canine de Crufts en 1998. Malheureusement, jamais aucun Skye Terrier n’a été consacré meilleur chien de l’exposition (« Best in show » ou BIS) depuis que cette distinction a vu le jour ; cependant, deux fois il a été sacré meilleur du groupe des terriers. En 1907, c’est le Skye de M. Claude Alexander Wee Mack d'Adel, qui remporta le titre. En 1974, le deuxième Skye à atteindre cet honneur fut le chien CH Silhill Silver Secret à Mme S. Atkinson. Une partie des meilleurs Skyes anglais et écossais ont été expatriés vers le monde entier pour devenir les fondateurs de la race dans les tous les autres pays. L’évolution de la race a été sérieusement perturbée lors des deux guerres mondiales mais grâce à l’acharnement de quelques passionnés, les excellentes souches ont été préservées et l’élevage de Skyes de qualité a pu reprendre son cours au lendemain des guerres... Les Skyes de nos jours : Aujourd'hui, on trouve des éleveurs de Skyes terriers en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Italie, en Suède, en Finlande, en Pologne, en Australie, en Nouvelle Zélande, en Amérique du Sud, au Canada, aux Etats-Unis, etc. Le premier terrier de Skye enregistré officiellement par l’American kennel club (AKC) fut le chien « Romarch » en 1884. La race fut présentée à l’exposition la plus prestigieuse du pays. La création de l’American skye terrier club (STCA) fut salutaire au développement de la race tant sur le plan de la qualité que sur le plan de sa diffusion. C’est dés le début de l’année 1938, que les membres du STCA ont consacré leur temps et leur énergie à promouvoir la race de Skye. Les membres du club réservent un accueil chaleureux et encouragent les curieux à demander des renseignements à propos du Skye Terrier, directement auprès du club lui-même. Le siège social du club est basé à New-York. De nos jours, avec l’arrivée des nouvelles technologies, le club du Skye terrier Américain touche beaucoup plus de monde en ayant son propre site, avec adresse courriel et ligne téléphonique. Depuis le début des années 40, le Skye terrier connaît une évolution quasi stable. Chaque année, entre 100 et 150 bébés Skyes voient le jour et sont répertoriés sur le livre l’American kennel club enter. Au début des années 60, on assista même à un essor de la race provoqué par la sortie sur les écrans d’un film de Walt Disney. Ce film retraçait l’histoire de Greyfriars Bobby, un Skye terrier appartenant à un berger. Après la mort du berger, son chien qui lui voua un amour sans faille, se laissa mourir sur sa tombe. Une statue a même été érigée en sa mémoire à l’entrée du cimetière d’Edimbourg. Ce phénomène médiatique eu un effet néfaste sur la race en poussant des éleveurs à multiplier par quatre leur production cette année là, avec tous les problèmes que cela implique. Cette nouvelle notoriété de la race se vit même couronnée par une victoire au BIS de l’exposition de Westminster, pour la première fois dans l’histoire de la race, consécration suprême qui revint au CH Glamour Good News de Walter Goodman. En 1996, un autre beau Skye noir, le CH Finnsky Oliver (Finlande), a lui aussi été porté aux nues en remportant le titre de meilleur du groupe des terriers, à Westminster. Pendant ces 25 dernières années, l'enregistrement a toujours avoisiné le nombre constant de 125 naissances. En 1997, on a tout de même enregistré une légère progression avec 137 naissances. En 1998, ce ne sont plus que 111 Skyes qui furent inscrits à l’American Kennel Club. En 1999, ce sont plus de 75 Skyes qui furent présentés à la Crufts, avec la consécration de meilleure femelle pour la lice, depuis exportée en France, Mariquita Braveaddition. Les éleveurs actuels ne regrettent absolument pas le manque d’engouement pour leur race, qu’ils préfèrent diffuser à petite échelle pour de vrais amateurs avertis. Tous les éleveurs scrupuleux et consciencieux de Skyes redoutent en effet, de voir leur race souffrir d’un phénomène de mode. Récemment, les dalmatiens ont souffert de la sortie sur les écrans du film « Les 101 Dalmatiens » de Walt Disney qui eut un effet déplorable sur la qualité de leur race, trop largement diffusée pour répondre à une forte demande. En effet, les adultes et les enfants rêvaient tous de pouvoir serrer dans leurs bras l’un des adorables chiots qu’ils avaient vus dans le film, mais étaient peu conscients de l’implication personnelle que demandait l’éducation et les soins à apporter à un chien vivant... Aucun animal ne devrait jamais être un achat impulsif. Les bébés achetés de cette façon sont très vite négligés, abandonnés, passant de foyers en foyers ou encore abandonnés dans des refuges. Les véritables amoureux du Skye préfèrent de loin produire peu de Skye mais de grande qualité… Mais en France, alors ? Une petite trace du Skye dans l’histoire de France passée presque inaperçue : James H. fait offrir à Louis XIV un couple de chacun des terriers d’Ecosse, dont, bien sûr, un couple de Skyes terrier. Néanmoins ce cadeau dut rester sans suite puisque l’on ne retrouve nulle part trace de Skyes terrier à la cour de France. Plus rien ensuite, dans les livres d’histoire de la race ne nous parle de la France, à croire que notre race n’existait pas ou si peu qu’elle ne retint pas l’attention des écrivains. Une petite allusion à la participation d’un Skye à l’exposition universelle, une phrase ça et là, c’est tout ce que l’histoire de France veut bien nous lâcher concernant notre compagnon… De nos jours, en France, le Skye va mal… Quel sacrilège quand on pense que tous les grands de ce monde ont construit leurs élevages sur des origines françaises telles que « de la Chamardière », « de Mandane », « de Luchar », « de Ricelaine », « du Petit Tanagra », « de Neuville Mousseaux », « de Saint Lubin » et bien d’autres encore…. Rappelons-nous ces fabuleux champions d’Amérique Jacinthe de Ricelaine, Bistro de Saint Lubin, Jimmy de Ricelaine, Evening Star de Luchar, You’ll do de Luchar qui ont donné la base des plus grands pedigrees en Amérique… Que nous reste-t-il de ce bel héritage ? Rien, absolument rien, mis à part un ou deux pâles descendants car, il faut l’avouer, ils sont bien loin du type originel. Nous n’intéressons plus personne. Je me rappelle ma discussion en 2000 avec Nicole TRELUT, éleveuse de « Neuville Mousseaux » qui m’avait dit avoir préféré un Dandie Dinmont terrier, lorsqu’elle avait dû reprendre un chien, car le Skye était déjà mort et qu’elle trouvait que tout ce qu’elle voyait ne ressemblait plus aux vrais Skyes. J’avais trouvé qu’elle était un peu dure à l’époque, j’avais encore des illusions, mais je suis forcée de constater que c’est elle qui avait raison... Nos anciens nous ont laissé un héritage en or que nous avons dilapidé sans rien en garder. Quelle tragédie… La qualité de nos chiens est loin d’être spectaculaire, à quelques exceptions près... Les bonds semblent passer à l’eau de Javel, perdue la belle pigmentation, à force de vouloir ressortir à tout prix la couleur blonde, on a ignoré les préceptes de nos anciens, recette de leur succès : un blond ne se marie jamais avec un blond… Les dos sont creux et/ou ondulent à la marche mais, qu’à cela ne tienne, une main sous le ventre, une montagne de poil, un sourire et tout va bien… les chiens deviennent champions et reproduisent des chiens qui auront le dos encore plus creux et ainsi de suite… Pathétique, tout bonnement pathétique ! Parfois, les femelles ressemblent à des mâles… Les chiens sont devenus lourds et boudinés, à l’encolure inexistante car noyée dans la graisse, quand on sait que dans le standard il est précisé que le Skye doit glisser avec élégance sur un ring… Glisser avec élégance, ah, quelle belle image ! On voit maintenant des Skyes aux pattes de lièvre à l’arrière, le chien marche en sautillant du train arrière, les deux pattes en même temps ou alors, il se met à avoir les pattes arrières qui décrivent de drôles de mouvement pour finir par se cogner l’une sur l’autre… mais qu’importe, cela n’affole personne, car tout est caché sous le poil…. et surtout certains se permettent la fantaisie de mordre les juges alors que cela avait disparu… A l’heure actuelle, il ne reste plus guère d’élevage et le peu d’élevages qui restent sont incapables pour cause d’orgueil mal placé de travailler ensemble, de regarder dans la même direction alors qu’ils sont animés par la même passion : le Skye terrier. C’est la race toute entière qui s’en ressent. Le Skye n’en finit pas de poursuivre sa descente aux enfers. La race a toujours été produite de façon confidentielle car elle s’adresse à de véritables passionnés et donc des gens très intéressants. Dans le début des années 80, les naissances enregistrées auprès de la Société centrale canine avoisinaient péniblement les 50 par an. Par contre, à partir de l’année 85, plusieurs personnes se prirent de passion pour la race et décidèrent de mettre la main à la pâte en montant leur petit élevage. Je veux parler des Donades, of Miss Liberty, du Pont de Constantine, des Petits Grys, des Vallées Engissoises, etc. La race connaîtra des années fastes avec des pics de naissance allant jusqu’à 209 sujets pour l’année 89. Cet engouement durera jusqu’en 1992, les naissances dépassant les 150 sujets annuels. Mais à partir de 1993, la descente aux enfers commence, le nombre de naissances ne cesse de décroître dangereusement. De nombreux élevages disparaissent invoquant un climat en exposition trop rude et injuste, des chiots qui se vendent mal et le Skye a encore l’horrible réputation d’être un chien au caractère difficile, ce qui nuit à sa côte de popularité. Pourtant les Skyes sont capables maintenant de se comporter en véritables gentlemen et en exposition, les juges prennent même plaisir à les examiner. Ce n’est que le résultat acharné d’un travail de sélection génétique qui a porté ses fruits. Pourquoi autant de faux prétextes et de balivernes ? Je ne pense pas que les 209 bébés nés en 1989 aient posé le moindre problème de placement. Non, les gens désertent par lassitude… Il faut dire que parfois les chiens primés en expositions, sont bien loin des gravures des grands champions imprimés sur papier glacé et qui nous proviennent de l’étranger… La naissance du nouveau siècle signe l’arrêt de mort de la race… Certaines années, ce n’est qu’une portée qui voit le jour, d’autres deux. Les femelles reproduisent de moins en moins de chiots, bref le Skye va mal…
Aujourd’hui avec environ 7 naissances par an, c'est-à-dire 96% de moins que dans les années 80-90, le Skye terrier ne peut survivre. Le sang ne se renouvelle plus assez et le nombre de naissance ne permet plus de renouveler les chiens devenus âgés qui disparaissent. L’attente est longue pour les gens qui veulent acquérir un sujet, ce qui entraîne des importations de chiens de l’étranger qui parfois ont un caractère plus dur et des origines moins stables sur le plan du caractère, quand ils ne décident pas tout simplement de se tourner vers une race plus rapidement disponible… Il faut réagir car avec 96% de naissances de Skyes en moins, la race ne pourra plus vivre dans les conditions actuelles et surtout le sang ne peut dorénavant plus se renouveler comme il se devrait... Si nous l’aimons vraiment, prouvons-le-lui…
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